CHAPITRE XV

Après cela, ils menèrent bon train pendant plusieurs jours, ne s’arrêtant, rarement d’ailleurs, que le temps nécessaire pour faire reposer les chevaux et s’octroyer quelques heures de sommeil. Garion se rendit compte qu’il pouvait somnoler sur son cheval quand il allait au pas ; en fait, lorsqu’il était suffisamment fatigué, il arrivait à dormir à peu près n’importe où. Un après-midi, alors qu’ils se remettaient un peu de l’allure soutenue que sire Loup leur avait imposée, il entendit Silk parler au vieil homme et à tante Pol. La curiosité l’emportant finalement sur l’épuisement, il s’efforça de rester suffisamment éveillé pour écouter ce qu’ils se disaient.

— J’aimerais tout de même bien en savoir un peu plus sur le rôle joué par Salmissra dans toute cette affaire, disait le petit homme.

— C’est une opportuniste, répliquait sire Loup. Chaque fois que les choses vont mal quelque part, il faut qu’elle tente de tirer parti des événements.

— Ça veut dire qu’il va falloir que nous essayions d’éviter les Nyissiens comme les Murgos.

Garion ouvrit les yeux.

— Pourquoi l’appelle-t-on l’Eternelle Salmissra ? demanda-t-il à tante Pol. Elle est si vieille que ça ?

— Non, répondit tante Pol. Toutes les reines de Nyissie s’appellent Salmissra ; c’est comme ça.

— Tu la connais, celle-là ?

— Pas la peine, elles sont toutes pareilles. Elles se ressemblent comme deux gouttes d’eau, elles se comportent de la même façon ; quand on en connaît une, on en connaît cent.

— Elle va être terriblement déçue, pour Y’diss, observa Silk, en grimaçant un sourire.

— J’imagine qu’Y’diss est parti les pieds devant, sans douleur, à l’heure qu’il est, commenta sire Loup. Salmissra est un peu portée aux excès quand elle s’énerve.

— Elle est si cruelle que ça ? releva Garion.

— Ce n’est pas à proprement parler de la cruauté, expliqua sire Loup. Les Nyissiens vénèrent les serpents, qui sont des créatures simplistes, mais très logiques : quand on embête un serpent, il mord. Mais une fois qu’il a mordu, il ne remâche pas sa rancune.

— Vous ne pourriez pas parler d’autre chose ? fit Silk, d’un ton douloureux.

— Je crois que les chevaux ont eu le temps de souffler, maintenant, dit Hettar, dans leur dos. Nous pouvons y aller.

Ils remirent leurs montures au galop et repartirent, dans un grand bruit de sabots, vers la large vallée de la Nedrane, au sud, et Tol Honeth, point de convergence de toutes les routes. Le soleil chauffait de plus en plus, et les arbres bourgeonnaient déjà dans les premiers jours du printemps.

Ils franchirent une dernière crête qui surplombait la vallée fertile. Déjà bien visible dans le lointain, la cité impériale semblait grandir à chaque verste. Elle étalait sa splendeur de marbre blanc sur une île, au centre de la rivière, et resplendissait de mille feux dans le soleil du milieu de la matinée. Ses murailles, hautes et épaisses, enserraient des tours qui semblaient défier le ciel.

Gracieusement arqué au-dessus de la surface ridée de la Nedrane, un pont menait à la masse de bronze de la porte du nord, où un détachement étincelant de légionnaires montait une garde immuable.

Silk tirailla sur son éternelle houppelande, rajusta son bonnet et se redressa. Son visage prit cette expression stricte et rigoureuse par laquelle se traduisait la métamorphose intérieure à laquelle il se livrait, et qui semblait presque l’amener à se prendre pour le marchand drasnien dont il revendiquait l’identité.

— Qu’est-ce qui vous amène à Tol Honeth ? demanda avec urbanité l’un des légionnaires.

— Je m’appelle Radek de Boktor, répondit Silk, de l’air absorbé d’un homme préoccupé par ses affaires. J’apporte du drap de laine sendarien de première qualité.

— Dans ce cas, le mieux serait que vous vous adressiez à l’intendant du marché central, suggéra le légionnaire.

— Merci, dit Silk avec un hochement de tête. Ouvrant la marche, il leur fit passer la porte et les conduisit dans les larges artères pleines de monde qui les attendaient de l’autre côté du mur d’enceinte.

— Je crois qu’il vaudrait mieux que je m’arrête au palais pour dire un mot à Ran Borune, déclara sire Loup. J’ai vu des empereurs d’un commerce plus aisé, mais les Borune sont peut-être les monarques les plus intelligents qu’il m’ait été donné de rencontrer. Je ne devrais pas avoir trop de mal à le convaincre que l’heure est grave.

— Comment vas-tu faire pour le rencontrer ? demanda tante Pol. Il y a des gens qui attendent des semaines avant d’obtenir une entrevue. Tu sais comment ils sont.

— Je pourrais toujours lui rendre une visite officielle, répondit-il, la mine lugubre, tandis que leurs chevaux se frayaient un chemin dans la foule.

— Pour que toute la ville soit au courant de ta présence ?

— Tu crois que j’ai le choix ? Il faut que j’arrive à circonvenir les Tolnedrains. Leur neutralité est un luxe que nous ne pouvons pas nous offrir.

— Je peux faire une suggestion ? demanda Barak.

— Au point où c’en est, je suis prêt à tout entendre.

— Et si nous allions voir Grinneg, l’ambassadeur de Cherek à Tol Honeth ? émit Barak. Il pourrait nous faire entrer au palais et nous arranger un entretien avec l’empereur sans trop de cérémonie.

— Ce n’est pas une mauvaise idée, Belgarath, renchérit Silk. Grinneg a suffisamment d’entregent au palais pour nous faire entrer rapidement, et Ran Borune a beaucoup de respect pour lui.

— Nous nous retrouvons confrontés au même problème : comment faire pour aller voir l’ambassadeur ? remarqua Durnik, alors qu’ils s’arrêtaient pour laisser passer une lourde voiture qui s’engagea dans une rue latérale.

— C’est mon cousin, répondit Barak. Nous jouions ensemble quand nous étions petits, Anheg, lui et moi, révéla le grand bonhomme en jetant un coup d’œil alentour. Je sais qu’il habite du côté de la garnison de la troisième légion impériale. Nous pourrions peut-être demander à quelqu’un...

— Ce ne sera pas nécessaire, intervint Silk. Je sais où c’est.

— J’aurais dû m’en douter, fit Barak en grimaçant un sourire.

— On peut y aller par le marché nord, reprit Silk. La garnison n’est pas loin des quais principaux, dans la partie aval de l’île.

— Montrez-nous le chemin, décida sire Loup. Je n’ai pas envie de m’éterniser ici.

Les rues de Tol Honeth grouillaient de ressortissants de tous les pays du monde : des Drasniens et des Riviens côtoyaient des Nyissiens et des Thulls. On reconnaissait même, dans la foule, quelques Nadraks, et, aux yeux de Garion, un nombre disproportionné de Murgos. Tante Pol chevauchait à côté de Hettar, à qui elle parlait tout bas, et il la vit plus d’une fois arrêter d’une main légère le bras qui tenait l’épée. Les yeux du maigre Algarois brûlaient comme des braises, et ses narines se renflaient d’une façon alarmante chaque fois que son regard se posait sur le visage couturé de cicatrices d’un Murgo.

Les larges rues étaient bordées de maisons imposantes, avec leurs façades de marbre blanc et leurs lourdes portes, souvent gardées par des mercenaires privés qui lorgnaient les passants d’un air menaçant.

— La confiance ne semble pas être l’apanage de la cité impériale, observa Mandorallen. Chacun redoute-t-il donc tant son voisin ?

— On vit une époque troublée, expliqua Silk. Et les princes marchands de Tol Honeth détiennent une bonne part de la fortune du monde dans leurs salles fortes. Les hommes qui vivent le long de cette rue pourraient acheter la majeure partie de l’Arendie si l’envie les en prenait.

— L’Arendie n’est pas à vendre, décréta Mandorallen, d’un ton guindé.

— A Tol Honeth, tout est à vendre, mon cher baron. L’honneur, la vertu, l’amitié, l’amour... C’est une cité perverse, pleine de gens dépravés, pour qui la seule valeur est l’argent.

— Il faut croire que tu t’intègres bien dans le paysage, alors, fit Barak.

— J’adore cette ville, admit Silk en riant. Les gens d’ici sont sans illusions. Ils sont complètement corrompus, et je trouve ça très rafraîchissant.

— Tu as vraiment un mauvais fond, Silk, déclara Barak, sans ambages.

— Tu l’as déjà dit, rétorqua le Drasnien à la tête de fouine, avec un sourire moqueur.

La bannière de Cherek, ornée de la silhouette blanche d’un navire de guerre sur fond d’azur, flottait au bout d’un mât au-dessus de la porte de la maison de l’ambassadeur. Barak mit pied à terre, non sans raideur, et se dirigea à pas lourds vers la grille de fer qui barrait l’entrée.

— Allez dire à Grinneg que son cousin Barak est là et souhaite le voir, annonça-t-il aux gardes barbus, à l’intérieur.

— Et qu’est-ce qui nous dit que vous êtes bien son cousin ? demanda aigrement l’un des gardes.

Barak tendit presque négligemment le bras à travers la grille, empoigna le devant de la cotte de mailles de l’homme et l’attira fermement contre les barreaux.

— Tu voudrais reformuler ta question pendant que tu es encore capable d’articuler ? demanda-t-il.

— Excusez-moi, seigneur Barak, balbutia promptement l’homme. Maintenant que je vous vois de plus près, il me semble bien reconnaître votre visage, en effet.

— J’en étais sûr, fit Barak.

— Je vais ouvrir la grille, suggéra le garde.

— Excellente idée, répondit Barak en lâchant la cotte de mailles du garde, qui s’exécuta avec empressement.

Le petit groupe entra dans la cour spacieuse. Grinneg, ambassadeur du roi Anheg auprès de la Cour impériale a Tol Honeth, descendit les marches quatre à quatre. C’était un homme bien découplé, presque aussi grand que Barak. Il portait la barbe presque rase, et un manteau bleu sans manches, à la mode tolnedraine.

— Espèce de vieux pirate, tonna-t-il, en prenant Barak dans une accolade qu’un ours n’eût point dédaignée. Qu’est-ce que tu fabriques à Tol Honeth ?

— Anheg a décidé d’envahir le coin, répondit plaisamment Barak. Dès que nous aurons ramassé l’or et les jolies filles, tu pourras brûler tout le reste.

On put lire dans les yeux de Grinneg un éclair lubrique.

— Oui, mais ils ne risquent pas de prendre ça pour de la provocation ? demanda-t-il avec un sourire mauvais.

— Qu’est-il arrivé à ta barbe ? s’enquit Barak.

— Oh ! rien de grave, répondit-il un peu trop vite, avec une petite toux embarrassée.

— Allons, allons, nous n’avons jamais eu de secrets l’un pour l’autre, fit Barak, d’un ton accusateur.

Grinneg lui dit quelques mots à l’oreille, l’air penaud, et Barak éclata d’un rire énorme.

— Pourquoi l’as-tu laissée faire ? s’étonna-t-il.

— J’avais trop bu. Allons, venez. J’ai un tonneau de bière à la cave.

Ils entrèrent tous dans la maison, derrière les deux grands bonshommes, et les suivirent le long d’un vaste couloir donnant sur une pièce meublée à la cheresque : de lourds fauteuils et des bancs couverts de fourrures étaient disposés sur un sol jonché de paille, et le bout d’un gros tronc d’arbre achevait de se consumer dans une gigantesque cheminée. Aux murs de pierre, des flambeaux qui sentaient la poix fumaient dans des anneaux de métal.

— Je me sens tout de même plus chez moi comme ça, confia Grinneg.

Une servante leur apporta des pintes de bière brune et s’éclipsa. Garion s’empressa de soulever sa chope et d’absorber une grande gorgée de l’amer breuvage avant que tante Pol ait eu le temps de suggérer une boisson moins forte. Elle le regarda sans faire de commentaires, les yeux vides d’expression.

Grinneg s’affala dans un grand fauteuil sculpté sur lequel était jetée une peau d’ours.

— Qu’est-ce qui t’amène en réalité à Tol Honeth, Barak ? demanda-t-il.

— Grinneg, répondit gravement Barak, je te présente Belgarath. Je suis sûr que tu as entendu parler de lui.

L’ambassadeur ouvrit de grands yeux.

— Vous êtes ici chez vous, déclara-t-il respectueusement en inclinant la tête.

— Pourriez-vous vous débrouiller pour me faire rencontrer Ran Borune ? s’informa sire Loup en s’asseyant sur un banc de bois brut, à côté de la cheminée.

— Sans problème.

— Parfait, reprit sire Loup. Il faut que je lui parle, mais j’aimerais autant ne pas éveiller l’attention générale.

Barak présenta les autres à son cousin, qui adressa à chacun un hochement de tête poli.

— Vous arrivez à Tol Honeth pendant une période troublée, confia-t-il après la fin des civilités. La noblesse de Tolnedrie fond sur la ville comme les vautours sur une vache crevée.

— Nous avons vaguement entendu parler de ça en venant ici, confirma Silk. Ça va aussi mal qu’on le dit ?

— Probablement encore plus mal, répliqua Grinneg en se grattant une oreille. Le changement de dynastie est une chose qui ne se produit que très rarement. Rendez-vous compte que les Borune sont au pouvoir depuis plus de six cents ans, maintenant. Vous imaginez l’enthousiasme délirant avec lequel les autres maisons attendent la passation de pouvoir.

— Quel est le successeur le plus probable de Ran Borune ? demanda sire Loup.

— Le candidat le mieux placé à l’heure actuelle est probablement le grand-duc Kador de Tol Vordue. Il aurait apparemment plus d’argent que les autres. Les Honeth sont plus fortunés, bien sûr, mais ils présentent sept candidats, et ça ne laisse pas grand-chose à chacun. Les autres familles ne sont pas vraiment dans la course.

Les Borune n’ont aucun prétendant digne de ce nom à aligner, et personne ne prend les Ranite très au sérieux.

Garion posa sa chope en douce par terre, à côté de son tabouret. La bière était un tantinet trop amère pour son goût, et il avait un peu l’impression de s’être fait avoir quelque part. La demi-pinte qu’il avait bue lui avait tout de même bien chauffé les oreilles, et il avait le bout du nez comme engourdi.

— Nous avons rencontré un Vordueux qui nous a dit que les Horbite avaient fait de l’empoisonnement une pratique courante, reprit Silk.

— Ils font tous ça, rétorqua Grinneg, d’un air dégoûté. Les Horbite un peu moins discrètement que les autres, peut-être, mais c’est bien la seule différence. En tout cas, ce n’est pas ça qui empêcherait Kador de monter sur le trône si Ran Borune venait à mourir demain.

— Je n’ai jamais eu trop de succès avec les Vordueux, fit sire Loup en fronçant les sourcils. Je trouve qu’ils n’ont pas tout à fait l’envergure voulue.

— Le vieil empereur a encore bon pied bon œil, révéla Grinneg. S’il arrive à se cramponner pendant encore un an ou deux, les Honeth finiront probablement par se mettre d’accord sur un seul et unique prétendant — le survivant —, ce qui devrait être beaucoup plus facile à assurer financièrement. Mais ces choses-là ne se font pas en un jour. En attendant, les candidats à la succession se gardent bien de mettre le pied en ville. Ils font preuve d’une extrême circonspection, de sorte que les assassins ont de plus en plus de mal à leur mettre la main dessus. Ils sont fous, ces Tolnedrains ! conclut-il en éclatant de rire et en avalant une longue gorgée de bière.

— Pourrions-nous aller au palais tout de suite ? demanda sire Loup.

— Il va d’abord falloir que nous nous changions, intervint tante Pol, d’une voix ferme.

— Encore, Polgara ? gémit sire Loup, avec son plus beau regard de bête blessée.

— Fais ce que je te dis et c’est tout, père, intima-t-elle. Je ne te permettrai pas de nous faire honte en allant au palais vêtu de haillons.

— Je ne remettrai pas cette robe, décréta-t-il avec son air entêté des meilleurs jours.

— Non, concéda-t-elle. Ce ne serait pas de mise ici. Je suis sûre que l’ambassadeur pourra te prêter un manteau. Tu passeras mieux inaperçu comme ça.

Sire Loup préféra rendre les armes.

— Comme tu voudras, Pol, lâcha-t-il dans un soupir.

Lorsqu’ils se furent changés, Grinneg réunit sa garde d’honneur, constituée de guerriers cheresques aux faciès plus qu’inquiétants, et ils se firent escorter jusqu’au palais, par les larges avenues de Tol Honeth. Garion, que l’opulence de la cité laissait tout rêveur et qui se sentait, à vrai dire, encore un peu étourdi par la demi-chope de bière qu’il avait bue, chevauchait en silence à côté de Silk, en essayant de ne pas trop bayer aux corneilles devant les immenses bâtiments ou les Tolnedrains richement parés qui déambulaient, l’air grave et important, sous le soleil de midi.

La Reine des sortileges
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